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Projet pamphlets et écrits satiriques: le texte: la réalisation I

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Le jeudi 19 Mars, première intervention avec le cours de French 325 d’Olivier. Elle porte sur un écrit critique inspiré d’un fait d’actualité récent.

Le texte proposé est donc un texte de Christian Vanneste, homme politique français, ancien député UMP et Président du Rassemblement Pour la France (RPF). Cet écrit, intitulé « Plus de raison moins d’émotions », dont voici le lien Internet,  http://www.bvoltaire.fr/christianvanneste/plus-de-raison-moins-demotion,163838 traite de la vive émotion suscitée par l’accident d’hélicoptère en Argentine, lors du tournage de l’émission Dropped au mois de Mars dernier et qui a coûté la vie à trois grands sportifs français: Florence Artaud la femme de la mer, Camille Muffat la nageuse et Alexis Vastine le boxeur.

Voici le texte dans son intégralité:

Le débat politique actuel est tiré vers le bas par cette prédominance de l’affectif et de l’émotionnel sur le discours rationnel. 

Lors d’un tournage destiné à une émission de télé-réalité, un accident entre deux hélicoptères a provoqué la mort de dix personnes. Trois figures du sport français comptent au rang des victimes. Les Français ont été touchés par la disparition brutale de ces personnalités attachantes. Florence Arthaud avait le visage d’une grande championne qui avait remporté la Route du Rhum, une aventurière généreuse et tenace. Camille Muffat avait rempli les Français de fierté en étant triple championne olympique en 2012 à Londres. Alexis Vastine, ce boxeur beau gosse, les avait émus en pleurant après un arbitrage contestable qui le privait d’une médaille d’or possible, aux Jeux olympiques de Pékin. Le retentissement de ces disparitions dans notre pays est légitime. Ces vies trop courtes doivent être rappelées pour susciter l’admiration ou la sympathie. On ne devient pas champion sans de considérables efforts, sans une volonté exemplaire. Que les hommages se soient multipliés et que chacun ait exprimé sa compassion pour les familles endeuillées, c’était totalement justifié.

Toutefois, la mort et le deuil demandent aussi de la réserve et réclament de la dignité. Le monde médiatico-politique a, une fois de plus, fait déferler une vague d’émotion sur le pays. Les tweets et les communiqués se sont livrés à une surenchère lexicale pour participer pleinement à cette émotion qui a submergé la France. L’un se disait abattu, l’autre effondré, le troisième dévasté et enfin on allait jusqu’à « fracassé ». Or, cette affectivité surjouée n’est pas un signe de bonne santé de notre société. Elle traduit une faiblesse, une fragilité que certains peuvent exploiter. Elle peut faire soupçonner une grande part d’hypocrisie. Enfin, l’émotion qui vous envahit, à laquelle on se laisse aller, est passive. Elle est le contraire de l’action.

Dans le cas présent, si le choc provoqué par ces morts tragiques est compréhensible, l’activité qui avait amené les victimes au nord-ouest de l’Argentine est plus problématique. Il s’agissait de télé-réalité, ce spectacle très représentatif de notre époque: ce n’est pas réel, ce n’est pas fictif. En fait, le spectateur est enfermé dans une bulle qui mélange les deux. Or, cette porosité du réel et du spectacle fonctionne aujourd’hui dans les deux sens. Le pouvoir médiatique ou politique se fait metteur en scène. De moins en moins capable d’agir sur le réel, il manipule les émotions. C’est pourquoi il n’en laisse passer aucune sans s’en emparer. Une nouvelle équipe ministérielle n’est pas formée en raison des compétences qu’on y réunit, mais pour la distribution, le « casting » du prochain épisode, en fonction des âges, des sexes, des couleurs, des orientations politiques ou autres. Les lois qu’on devait inscrire dans le bronze en ne les modifiant que d’une main tremblante sont devenues les réponses éphémères aux émotions de l’actualité. L’avocat de Charlie, Richard Malka, soulignait l’incongruité de la loi annoncée à la suite des attentats de janvier pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme en restreignant la liberté d’expression. Celle de Charlie en serait la première victime ! De même, l’introduction dans la loi instaurant la Halde de « l’orientation sexuelle » a été justifiée par l’émotion provoquée par la prétendue agression subie par Sébastien Nouchet, qui s’est soldée par un non-lieu et l’hypothèse d’une affabulation deux ans plus tard.

Le débat politique actuel est tiré vers le bas par cette prédominance de l’affectif et de l’émotionnel sur le discours rationnel. Comment un Premier ministre peut-il faire de sa répulsion pour un parti le seul argument de sa politique ? Il faut se méfier de l’utilisation de l’émotion. Celle qui avait jailli lors du 11 septembre est à l’origine de la tragédie subie notamment par les chrétiens d’Irak et devant laquelle l’Occident demeure aujourd’hui si insensible.

Christian Vanneste

Après avoir lu le texte ensemble et  traduit ou explicité les passages qui n’étaient pas ou peu compris, nous reprenons ensemble les premières questions de compréhension qu’ils avaient à traiter sur Moodle avant de venir en classe. Les voici:

(1) De quoi parle le texte?

(2) Qu’est-ce que l’émission Dropped? En quoi consiste-t-elle?

(3)  De qui l’auteur parle-t-il dans le texte? Qui sont ces personnes? Allez chercher

photos et renseignements sur chacune d’elles.

(4) Finalement, qu’est-ce qui indigne Christian Vanneste?

Après avoir répondu à ces questions, nous abordons l’étude du texte proprement dite, à l’aide de questions aussi. Chaque groupe de questions suit la construction du texte et ses différents paragraphes:

  • Qui est Christian Vanneste?
  • Présentez les différentes idées du premier paragraphe.
  • A quoi sert-il? Quel est son rôle dans le texte?
  • Qui sont les personnes dont parle l’auteur?
  • Quel est l’argument principal de ce premier paragraphe? Répondez en citant le texte.
  • Comment l’auteur fait-il la transition entre le premier et le deuxième paragraphe? Avec quel argument?
  • Pensez-vous que les médias et les politiques se servent de l’émotion pour manipuler? Dans un cas comme celui-ci là? Aux Etats-Unis? Donnez un exemple de l’actualité récente.
  • Donnez une définition de l’expression “surenchère lexicale”. Accompagnez là des exemples donnés dans le texte. Définissez ces mots.
  • Quel est l’argument, l’idée principale de ce deuxième paragraphe.
  • Savez-vous ce qu’est la télé-réalité? Donnez des exemples aux Etats-Unis.
  • Connaissez-vous l’émission Dropped? Quelles recherches avez-vous faites dessus? Racontez-en le principe et le déroulement. Y a-t-il un équivalent de cette émission aux Etats-Unis?
  • Quelle est l’analyse de l’auteur sur la télé-réalité?
  • Quel est le rapport selon l’auteur entre les programmes de télé-réalité et le pouvoir médiatique ou politique?
  • Quel est l’argument, l’idée principale du troisième paragraphe?
  • Comment l’auteur conclut-il son texte?
  • Quelle est finalement sa position sur les rapports entre émotion et politique? Emotion et évènements sociaux?
  • Et vous qu’en pensez-vous? Argumentez votre réponse

Ces questions sont faites pour amener les étudiants à approfondir leur connaissance du texte et à élargir leur réflexion sur des thèmes de société plus larges car la thématique abordée avec leur professeur est la critique de la société et les écrits contestataires, historiques ou plus récents.

A chaque fois, je pose les questions et les étudiants répondent. Je les sens majoritairement intéressés et soucieux de bien faire. La communication entre nous est fluide et agréable, l’échange est intéressant, tout se fait en douceur et l’heure d’intervention qui m’a été attribuée vient de passer à toute vitesse!

A la fin du cours, les étudiants semblent ravis puisqu’ils se mettent à applaudir!! Néanmoins, Olivier me fait remarquer que d’habitude il leur propose des activités en groupes afin que tous puissent participer au travail. Car, il est vrai que ce sont un peu toujours les mêmes qui ont répondu aux questions…Je le note et j’appliquerai ce conseil lors de ma prochaine intervention.

Je sors de ce cours enchantée et le sourire aux lèvres… Qu’en sera-t-il alors de ma deuxième intervention sur la chanson de rap? Suite au prochain épisode….

Les autres cours avant le projet…

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Avant de parler du projet pédagogique que je vais finir demain je vais essayer de résumer ma phase d’observation et le contenu des cours.

J’ai donc été en cours avec trois profs différents et dans trois niveaux différents:

– Avec Ellen Bailey pour un cours de French 120, c’est à dire des débutants ou des faux débutants.

– Avec Olivier Gloag (mon prof référent) pour un cours de French 325 et de French 341, c’est à dire des étudiants intermédiaires d’un bon niveau capables de penser, s’exprimer et  écrire correctement.

– Avec Cathy Pons pour un cours de French 400 c’est à dire des étudiants avancés

– Avec Ellen, je suis présente dans deux groupes de French 120, trois fois par semaine. Les cours se déroulent comme j’ai commencé à l’expliquer dans des posts précédents. Elle commence par de l’enseignement « classique » du français, c’est a dire qu’elle aborde les règles de grammaire, d’orthographe et de vocabulaire en relation avec la chapitre étudié. Elle accompagne toujours ses leçons de Power Point et d’images afin (je suppose) de rendre plus vivant l’apprentissage. Les étudiants sont ensuite invités à faire des petits exercices par groupe ou individuellement. Elle passe ensuite au contenu de la leçon qui aborde toujours un aspect culturel de la France. C’est dans cette partie du cours qu’elle essaie de faire parler ses étudiants car comme elle m’a dit: « l’objectif est de leur donner une autonomie orale, l’important c’est la communication ». Mais d’autres choses sont importantes pour Ellen que je développerai  lors de la restitution de l’entretien que j’ai eu avec elle.

Afin de les inciter à parler et à communiquer, Ellen utilise une technique que j’ai trouvée très intéressante: elle fait ce qu’elle appelle un « Happy hour », c’est a dire qu’elle demande aux étudiants de se lever, de se mettre par groupe et de discuter ensemble du thème donné. Cette intervention du corps, ce changement de station (de station assise a station debout) qui les fait symboliquement « monter de niveau » a attiré toute mon attention car je pense que l’intervention du corps dans l’apprentissage est une dimension importante trop souvent oubliée. Ellen travaille aussi en collaboration avec des enseignants de langues qui utilisent la gestuelle comme méthode d’apprentissage. Il s’agit de raconter des histoires et de mémoriser des mots de vocabulaire à partir du corps: des mouvements et des gestes. Elle m’a dit que si nous en avions parlé plus tôt, elle aurait pu m’emmener en cours avec ces enseignants du secondaire (Middle Shool: collège). Mais oui! Six semaines c’est évidemment trop court pour approfondir quelque chose!

J’ai trouvé Ellen très pédagogique, consciente du niveau de ses élèves et créative quant aux méthodes d’enseignement qu’elle emploie. Jeux, images, vidéos et même le corps (comme je viens de l’expliquer), elle se donne tous les moyens afin que son message d’apprentissage passe mieux.

Je parlerai dans un autre post du niveau et du comportement des étudiants en classe dans les trois niveaux. Pour l’instant je continue avec les professeurs.

– Avec Olivier, pendant la phase d’observation j’ai donc suivi deux groupes de niveau 3. Le cours de French 325 est un cours de civilisation francaise mais basé sur l’actualité, c’est à dire sur une présentation de la société française dans ce qu’elle a de plus présent. C’est le cas pour le thème qui est abordé actuellement en cours: les pamphlets, les écrits satiriques et critiques. C’est ainsi que nous avons étudié entre autres:

– Un texte de Stéphane Hessel : « Indignez-vous »/ la chanson de Georges Brassens: « Le gorille », la chanson du rappeur Passi: « Emeutes ».

Chez Olivier, comme chez les trois enseignants que j’ai fréquentés, l’essentiel du travail écrit du cours se fait préalablement avec les exercices demandés sur Moodle. Pendant la classe, l’accent est mis sur le travail oral. Généralement, elle débute par une vidéo de youtube, notamment d’artistes français, amenée par les étudiants. Puis, il y a lecture collective du texte étudié et le professeur revoit avec les étudiants les réponses aux différentes questions posées sur Moodle. On passe ensuite à l’étude proprement dite du texte. Parties par parties, l’enseignant pose des questions aux étudiants, soit de contenu, soit d’opinion, soit de connaissance de la langue.

Dans cette phase d’analyse et d’expression orale où les étudiants sont sollicités par des questions, l’évidence veut que ce soient un peu toujours les mêmes (et bien souvent les meilleurs) qui répondent. Pour parer à ce problème, Olivier, comme Ellen d’ailleurs, donne des activités à réaliser en petits groupes à l’oral. Ces activités qui se résument essentiellement à des temps de paroles entre deux ou trois étudiants sont pensées pour permettre l’expression de chacun dans la langue française. Car il est évident qu’il est plus facile de s’exprimer entre étudiants, qu’avec ou devant le prof! Olivier tente aussi d’équilibrer les groupes et de mélanger des étudiants plus faibles et des étudiants de meilleur niveau afin d’équilibrer les échanges. Le cours se présente ainsi comme un échange verbal et une incitation à la réflexion et à l’analyse des supports écrits étudiés.

J’ai trouvé Olivier enthousiaste pendant ses cours, très présent auprès des étudiants en interaction constante avec eux et finalement assez charismatique.

– Quant à Cathy, avec qui je n’ai été qu’à deux ou trois cours, ce que je peux en dire c’est qu’elle m’a paru donner des cours plus magistraux, plus académiques à ses étudiants. Le niveau avancé des étudiants explique certainement cette méthode (plus besoin de jeux ou d’images par exemple). Mais ce que je retiens surtout de Cathy, c’est qu’elle m’a paru un puits de science dans la langue. Elle a une connaissance du français qui dépasse de loin la mienne et je pense qu’à son contact j’aurai pu apprendre bien des choses.

Voilà pour aujourd’hui