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A propos nakitanath

Ecrivain/redacteur, traductrice, enseignante en langues (Francais Langues Etrangeres, espagnol), pratiquante et enseignante de Kundalini Yoga et education somatique (Mouvement et Conscience Corporelle). Pratiquante de Buto, Body Mind Centering, Contact Improvisation, Release Technique, Danse-Therapie

Voyage en Brocéliande Partie 2: Le Val sans Retour et la Fontaine de Barenton

v Le Val sans Retour

Le Val sans Retour est un site incontournable de la légende arthurienne. Le Roi Arthur avait demandé à sa demi-sœur, la fée Morgane, de venir à Camelot (son château) pour l’aider à gouverner le royaume. Mais lorsqu’il s’est marié avec Guenièvre, les choses sont gâtées. Les deux femmes ne s’entendaient pas, elles étaient en perpétuel conflit. Lassé, le roi Arthur a alors demandé à sa sœur de quitter Camelot. Perdue, Morgane s’était réfugiée dans un coin de la forêt. Là, elle avait rencontré le chevalier Guillemin et ils étaient tombés amoureux l’un de l’autre. Guillemin avait pour habitude d’aller chasser dans la forêt et de ramener à Morgane toutes sortes de victuailles et celle-ci appréciait fort les cadeaux de son amant. Puis un jour la viande vint à manquer, puis deux, puis trois, puis une semaine, puis deux semaines…N’y tenant plus, Morgane décida d’aller épier Guillemin pendant qu’il partait en forêt. Le résultat ne se fit pas attendre : Guillemin ne chassait plus, il était occupé à bien autre chose…avec la bonne ! Furieuse Morgane décida d’emprisonner à jamais les deux amants dans la roche, l’un à côté de l’autre mais sans jamais pourvoir se toucher ! Et ce lieu fût nommé le Val sans Retour…

Nous avons commencé la visite par la légende du gardien de la forêt. Un chevalier noir, féroce et sans pitié, qui combattait tous ceux qui s’en approchaient et jamais ne perdait ! Il est dit que s’il pleut aussi souvent en Bretagne, c’est parce que quelqu’un renverse de l’eau sur le rocher du Val sans Retour et qu’il déclenche la colère du chevalier noir et donc la pluie !

Mais ici il ya aussi des sirènes. La première chose que nous découvrons est un petit étang comme il y en a tant. Là auraient vécu six sœurs sirènes. La petite dernière s’ennuyait ferme au fond de l’eau et un jour elle remonta à la surface. Là elle rencontra un beau et jeune chevalier. Ils passèrent la journée ensemble et tombèrent amoureux. Ils décidèrent de se revoir le lendemain. Mais les cinq sœurs ainées eurent vent de cette rencontre et décidèrent d’empêcher le RDV du lendemain. Elles firent prendre un somnifère à la cadette et se présentèrent à sa place à l’heure dite. Là elles tuèrent le jeune chevalier et le coupèrent en morceaux. Lorsque la jeune sœur se réveilla et se rendit compte de cette atrocité, elle tua toutes ses sœurs. On dit que c’est la raison pour laquelle la terre de Brocéliande est rouge.

L’étang des sœurs sirènes à côté de l’arbre d’Or

20- L'étang des soeurs sirènes à côté de l'Arbre d'Or

A l’endroit de l’étang se trouve aussi l’Arbre d’Or. Tout repeint de doré et ceint de feuilles d’or, il est impressionnant avec ses branches en corne de cerf. Nous nous arrêtons quelques minutes pour l’admirer. Puis après une montée rapide de quelques minutes, nous arrivons sur le site du Val sans Retour. Là nous nous approchons  de la roche en forme de cœur qui emprisonne les deux amants. Et effectivement deux rochers proches l’un de l’autre mais sans se toucher pourraient représenter les deux lobes d’un cœur. Il est dit que seuls ceux qui ont un cœur pur peuvent entendre celui des deux amants en posant l’oreille sur la roche.

L’arbre d’Or

22- L'Arbre d'Or 2

Les roches en forme de cœur du Val sans Retour

23- Les roches en forme de coeur du Val sans Retour

Juste après nous allons voir le siège de Merlin sculpté dans une roche qui selon la légende serait une côte de dragon. C’est un site particulier, une clairière dans la forêt, au sommet d’une colline dont le sol est fait de roche écaillée qui donne une sensation de singulière étrangeté. L’endroit permet de jouir d’une vue magnifique sur le reste de la forêt.

Le siège de Merlin et la côte de Dragon

24- Le siège de Merlin et la côte de Dragon

 

Le siège de Merlin

25- Le siège de Merlin 2

La vue sur la forêt depuis le Val sans Retour

26- La vue sur la forêt depuis le Val sans Retour

  • La Fontaine de Barenton

Enfin, nous avons visité la fontaine de Barenton, qui selon la légende serait le lieu de rencontre de Viviane et Merlin. A cet endroit Viviane avait pour habitude de venir se baigner. Cette fontaine est bien particulière puisque des bulles se forment dans l’eau continuellement alors que la température n’y est jamais à plus de 10°. Un jour Viviane y aperçut un beau jeune homme qui la regardait. Quelques années plus tard, elle y rencontra un vieillard et enfin, un magnifique cerf blanc. Mais elle reconnut sous ces trois formes toujours le même regard. C’était Merlin qui tentait de la séduire. Ce fût le début d’une histoire d’amour qui allait durer l’éternité. Il existe une tradition liée à cette fontaine. Les jeunes fiancés viennent ici avant le mariage et y jettent une aiguille de pain. Si elle flotte le mariage sera heureux et pérenne mais si elle coule l’union n’aura alors pas d’avenir.

La Fontaine de Barenton

27- La Fontaine de Barenton

28- La Fontaine de Barenton

Voilà pour ce court séjour en Brocéliande tout en contes, en légendes et en pluie qui sans aucun doute nous aura ravies!

 

Photos: Adriana

Voyage en Brocéliande Partie 1: Rennes, La Fontaine de Jouvence, Le Tombeau de Merlin, Le chêne des Hindrés

Voyage en Brocéliande

Du dimanche 27 au vendredi 31 Août 2017

  Rennes

Chose promise, chose due. Nous nous étions promis d’aller voir la forêt de Brocéliande et depuis que nous sommes installées à Tours, nous sommes passées de l’idée à l’évidence : il fallait y aller !

Dimanche 17h. A l’arrivée nous rejoignons notre chambre en Airbnb et nous repartons aussitôt pour aller manger en ville et faire un tour dans le vieux Rennes. Au restaurant, c’est galette bretonne oblige !

1- Au restau

Au restau 

Après manger, nous passons un premier portail qui symbolise l’entrée dans la vieille ville et nous débouchons sur la place de la mairie et de l’opéra. Ce sont des bâtiments magnifiques, grands, imposants et dont les éclairages nocturnes soulignent encore la beauté.

L’entrée dans la vieille ville

3- L'entrée de la vieille ville

La Mairie de Rennes

2- La mairie de Rennes

Ce soir là, nos déambulations nous ont amenées vers la place Sait Michel, la place Saint Anne, le Parlement de Bretagne. Le lendemain, nous avons visité aussi le parc du Thabor.

Le Parc du Thabor

5-Parc Thabor 1

6-Parc Thabor 2

7-Parc Thabor 3

Le vieux Rennes

4- Le vieux Rennes

Rennes nous est apparue globalement comme une jolie ville, mais ce que nous en avons surtout retenu c’est la gentillesse des rennais et des rennaises à qui nous nous sommes adressées et qui se sont toujours rendus disponibles pour nous donner les informations dont nous avions besoin. Au niveau architectural, le plus intéressant à Rennes, c’est le volume et la grandeur des bâtiments de la ville : des places immenses, des constructions hautes et volumineuses, Rennes, pour l’œil du néophyte, se donne à voir comme une ville de rois ou de géants, une ville charismatique. De fait, elle est la 11ème agglomération de France et une ville étudiante très appréciée. Après avoir passé la journée à Rennes, nous reprenons le bus direction Brocéliande enfin !

 

  Brocéliande

Au gîte en Brocéliande à la tombée de la nuit

8-Coucher de soleil sur la forêt

v La Fontaine de jouvence, le tombeau de Merlin, le chêne des Hindrés

Mardi. Aujourd’hui, nous avons visité à pied la Fontaine de Jouvence et le Tombeau de Merlin. Nous avons donc fait nos premiers pas dans la forêt de Brocéliande. Il faisait chaud mais sous l’épais feuillage des arbres, l’air était doux. La forêt est peuplée de toutes sortes d’essences d’arbres, arbustes et buissons : genêts, ajoncs, chênes, pins, bouleaux etc.

L’étang pour aller au tombeau de Merlin et à la fontaine de Jouvence.

9- L'étang sur le chemin du tombeau de Merlin

Tout de suite, nous nous sentons tout à fait à l’aise dans cet environnement. Une sensation d’aisance, de familiarité, de « déjà vu » ou de « déjà connu » s’installe. Par endroits, on dirait une forêt du Béarn, dans d’autres un bosquet pyrénéen. Puis notre regard se pose sur une parcelle de pin et nous sommes transportées dans les Landes ou même en catalogne espagnole. Un peu plus loin, de grands conifères aux aiguilles vert foncé s’élancent vers le ciel et c’est Asheville et les contreforts des Appalaches qui nous reviennent. C’est un peu comme si Brocéliande contenait en son sein toutes les autres forêts des zones tempérées. Présente depuis le néolithique, Brocéliande pourrait se pressentir un peu comme la « mère » de toutes les forêts. Etymologiquement, « Brocéliande » vient du nom breton « Breselien » ou « Brécélien » qui signifie « la colline du marécage ».

La première chose que nous remarquons c’est qu’en Brocéliande, il y a des chênes, beaucoup de chênes. Il est d’ailleurs l’arbre sacré des ces contrées et par extension de nombre de cultures celtes. Puis bien vite au cours de notre ballade, nous croisons un, puis deux, puis des regroupements de petits tas de pierre qui donnent une « présence rituelle » à la forêt. Ils ont l’air de petits bonhommes ou d’espaces de jeux pour les « Korrigans », ces petits lutins qui peuplent la forêt, qui vivent dans les trous des arbres et qui sentent très mauvais. Ici on appelle ces constructions les « Cairns ».

Un cairn

10- Un cairn

Des chênes

11- Des chênes

Le chêne des Hindrés- Un des plus vieux chênes de la forêt qui a au moins 500 ans. Il est haut de 18 mètres. 

 13- Le chêne des Hindrés 2

Nous visitons d’abord la Fontaine de Jouvence. La Fontaine est une clairière où les Druides se réunissaient une fois par an pour recenser les nouveau-nés. Mais certains ne pouvaient être présents et étaient présentés l’année d’après. C’est pourquoi on dit que cette fontaine fait rajeunir ! La fontaine en elle-même se présente comme un petit tas de pierre à l’eau stagnante en cette fin d’été. Pourtant le lieu possède une réelle « présence » et attire beaucoup de monde. En veut pour preuve ce champ de Cairn que j’aperçois en montant sur un petit monticule et qui m’arrache un cri de surprise. Cet espace est rempli de constructions de pierres rouges, rosées, bordeaux (la couleur de la terre en cette région), de toutes formes et de toutes tailles et décorées de fleurs et de mûres trouvées dans les ronces avoisinantes. Ces cairns sont autant de rituels et de prières où chacun aura couché sur de petits de papiers, ses rêves, ses demandes, ses espoirs, ses projets puis glissé sous les pierres. Les pèlerins de Lourdes font à peu près la même chose lorsqu’ils mettent leurs demandes dans l’urne de la grotte, ou qu’ils allument des cierges sur les bords du gave[1].

La Fontaine de Jouvence

14- La Fontaine de Jouvence

Le champ de Cairns de la fontaine de Jouvence

15- Le champs de Cairns

Puis nous partons voir le Tombeau de Merlin un peu plus haut. A l’origine, le tombeau de Merlin est une allée de pierres de 12 mètres de long datant du néolithique. Elle a été pillée au XIX siècle par des chercheurs d’or. Maintenant, il est entouré d’une palissade de bois et de pommiers. Le pommier est l’arbre de Merlin, celui sur lequel il s’asseyait pour écouter les doléances des hommes et les aider. Selon la légende, le mot « tombeau » n’est peut-être pas le plus approprié pour parler de cet endroit. D’ailleurs Merlin est-il vraiment mort ? La seule chose que l’on sait, c’est que la fée Viviane l’aurait enfermé au nom de leur amour, car Merlin trop pris par les affaires des hommes partait et ne revenait qu’une fois par an. Merlin et Viviane s’aimaient passionnément mais ils ne pouvaient « consommer » cet amour car Merlin, fils du diable, n’avait pas le droit de s’adonner au plaisir de la chair sous peine de se rapprocher trop de son père et de perdre tous ses pouvoirs magiques. Mais aveuglé par ses sentiments, Merlin enseigna à Viviane tout ce qu’il savait de la magie…jusqu’à son sort le plus puissant…celui d’enfermer un homme vivant à tout jamais. Sort que Viviane s’empressa d’applique sur Merlin. Il est dit qu’après maintes supplications, Viviane accepta de rejoindre Merlin dans sa cache et que leurs âmes habitent à tout jamais Brocéliande.

Le tombeau de Merlin

16- Le tombeau de Merlin

[1] Rivière des Pyrénées

Texte: Nathalie

Photos: Adriana

 

voyage à Bilbao Fin

v Samedi 31 Décembre

« Ce matin nous partons pour la visite du Guggenheim. Sur le chemin, Adriana s’arrête sous un pont et me dit : « Maman regarde le joli reflet turquoise dans l’eau ». Là, il y avait un homme qui regardait aussi le spectacle. Très vite, il se met à nous parler et nous faisons sa connaissance. Il s’appelle Txema, il est de Bilbao.

24 Avec Txema

Avec Txema 

Il nous explique le mécanisme de rouage d’ouverture du pont de la Ria, pour faire passer les plus gros bateaux qui partent vers la mer. La Ria est le nom du fleuve qui passe dans la ville. « Mais c’est le nom de cette partie du fleuve » nous dit-il, « la partie où les eaux salées et les eaux douces se mélangent, plus haut il s’appelle le fleuve Nervion qui vient de « nervios[1] » » dû certainement à la force de ses eaux.

 Il nous raconte qu’auparavant toutes les rives de la Ria qui se trouvaient dans le quartier du Guggenheim étaient des usines. Et oui ! Malgré une transformation sans précédent, le passé ouvrier de la ville n’est finalement pas si loin. Les rives actuelles, aménagées en charmants paseos étaient appelées autrefois les « rives noires ». Sur les rives en face du musée on trouve l’énorme collecteur des eaux usées de la ville, l’Université Catholique de Deusto et une célèbre auberge de passage pour les pèlerins du chemin de Saint Jacques.

25 Une fresque murale sur les berges de la Ria

Une fresque murale sur berges de la Ria

26 Le collecteur

Le collecteur

27 L'auberge pour les pélerins de Saint Jacques

L’auberge

Puis il nous parle du Guggenheim. Il nous explique que lors de sa conception, son architecte Franck Ghery, a voulu représenter un bateau. Il a pris son stylo et ne l’a plus décollé de la feuille jusqu’à qu’il ait fini son dessin. Nous apprenons aussi que le concepteur de l’araignée est une artiste française du nom de Louise Bourgeois. Il nous apprend que le film de James Bond 007 « Le monde ne suffit pas » (The world is not enough) a été tourné à Bilbao et en particulier à l’hôtel en face du Musée devant la sculpture végétale du chien. Enfin, il nous dit que Bilbao est entourée de montagnes et que ses habitants  sont autant des marins que des montagnards.

Après quelques deux heures passées ensemble, nous prenons congé de Txema et nous partons visiter le musée.  Là, à l’entrée nous nous dirigeons vers les caisses pour prendre les tickets et un homme m’aborde en me présentant deux billets et me demande si je suis intéressée pour les prendre. Là à deux mètres des caisses…Interloquée, je lui réponds que non, que ça ne se fait pas. Il me dit : «  Mais non ce sont des invitations, vous pouvez les prendre et entrer gratuitement ! ». Décidément, nous sommes bien chanceuses ! La visite du musée dure environ deux heures. L’exposition du moment est dédiée à Francis Bacon. Mais je ne vous cacherais pas que je ne suis pas spécialement fan d’art contemporain et que j’ai trouvé les œuvres de Bacon plutôt glauques. Il y a un étage consacré à Picasso avec quelques tableaux du Gréco dont on se demande ce qu’ils font là et des œuvres aussi farfelues qu’un immense tableau tout vert avec une bordure rouge intitulé « Pharmacie » ! Au sous-sol se trouve toute l’œuvre d’un artiste qui a peint des arbres psychopathes ! Détonnant !  Le clou de la visite a été pour nous l’immense labyrinthe d’acier dont certaines feuilles pesaient quelques 200 tonnes chacune ! Nous courons dans les différentes parties du labyrinthe, nous faisons la course avec Adriana et nous nous amusons beaucoup ! Au vu de ma grande méconnaissance de l’art, je ne pourrai pas vous en dire plus, je sais seulement que le Guggenheim a un fonctionnement différent des musées traditionnels puisque les collections sont tournantes, elles ne restent jamais très longtemps. »

28 Le labyrinthe du Guggenheim 1

Le Labyrinthe du Guggenheim 

29 Le labyrinthe du guggenheim 2

Le labyrinthe vu d’en haut

30 Le Labyrinthe du Guggenheim 3

A l’intérieur du Labyrinthe

Le musée du Guggenheim de Bilbao est l’un des cinq musées de la fondation Solomon R. Guggenheim. Il a ouvert ses portes en 1997 et a auguré une transformation profonde et irréversible de la ville. Sa silhouette est le produit d’un assemblage particulier de pierre, de verre et de titane. Le musée est devenu rapidement un des bâtiments contemporains les plus connus et les plus appréciés au monde, faisant énormément pour le renouveau et la notoriété de Bilbao. Sa conception a coûté 100 millions de dollars.

Mais je voudrais revenir sur l’architecture du musée qui est réellement impressionnante. Comme je le disais tout à l’heure Franck Ghéry a posé son crayon sur la feuille et ne l’a pas relevé jusqu’à la fin du dessin. Si le résultat était tout à fait original, il restait l’énorme défit de créer, de concrétiser ce projet fou dans la réalité ! Le Guggenheim est réellement une prouesse technologique et d’ingénierie comme il en existe peu !  Que l’on soit dessous, à côté ou en face de lui, il impose le respect au même titre que ce labyrinthe d’acier à l’intérieur de lui. Comment ont-ils fait pour faire rentrer des « feuilles » d’acier de plus de 200 tonnes à l’intérieur de la construction ? Comment ont-ils fait pour tenir droit des lignes aussi courbes à l’extérieur et dans des proportions aussi grandes ?

Le succès du Guggenheim ne doit pas seulement revenir à son concepteur mais à ses ingénieurs, ses constructeurs, ces centaines d’hommes et de femmes qui ont travaillé d’arrache-pied, qui ont usé de toute leur ingéniosité pour faire tenir debout une construction aussi improbable. La conception Assistée par Ordinateur (CAO) et une conception poétique d’intégration à la structure des quatre éléments fondamentaux : terre, eau, feu, air en font définitivement une construction hors-norme.

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Le Guggenheim 

Pour finir, je voudrais dire que vu du pont de la Salve, on peut admirer la réelle forme de bateau du musée avec la Tour d’Iberdrola à l’avant comme une cheminée. Quant à l’araignée, sculpture de l’artiste franco américaine Louise Bourgeois, elle est appelée Maman, qui comme son nom l’indique est un hommage à la mère de l’artiste : «  L’araignée est une ode à ma mère. Elle était ma meilleure amie. Comme une araignée, ma mère était une tisserande… Les araignées sont des présences amicales qui dévorent les moustiques. Par conséquent, les araignées sont bénéfiques et protectrices, comme ma mère » disait-elle.

32 L'araignée 2

L’araignée 

Le reste de la journée s’est passé calmement, nous sommes retournées à Koli pour saluer Estefania, puis nous sommes rentrées pour nous préparer à la soirée du jour de l’An et retrouver une amie Emilie. Mais la soirée a tourné court. En effet, il existe une tradition très bizarre au Pays-Basque espagnol pour les Jour de l’An qui est de faire ville morte de 20 heures à 2 heures du matin. La fête ne commence qu’après. Aussi lorsque nous sommes sorties à 22h pour aller manger, nous n’avons RIEN trouvé, ni bar, ni restaurant, ni magasins, ni métro, ni bus, RIEN ! Les seules « âmes qui vivent »  que nous avons croisées sur notre chemin étaient des étrangers perdus comme nous. Heureusement, nous sommes tombées sur un des seuls petits restau (des chinois) ouvert à ce moment là et nous avons pu mangé un « plato combinado » à 6 euros ! A minuit des feux d’artifices ont éclaté partout dans la ville faisant un vacarme impressionnant. Nous avons vite compris que c’était les gens eux-mêmes qui faisaient les feux d’artifice et ils jetaient même des pétards depuis leurs fenêtres. Ensuite nous sommes rentrées à l’hôtel et nous avons fait connaissance d’un groupe de 4 garçons andalous avec qui nous avons discuté jusqu’à trois heures de matin. Puis ils sont partis en discothèque (et oui ! C’est à cette heure là qu’ils sortent les espagnols !) et nous nous sommes allées nous coucher.

33 Avec emilix

Avec Emilix 

34 Entre filles

Entre filles 

Le lendemain, nous nous sommes levées tôt pour rentrer à Tours. C’est avec le cœur un peu gros que nous sommes revenues. Ces vacances étaient vraiment très agréables et bien trop courtes. C’est tellement bien l’Espagne ! A chaque fois que j’y vais, je ne veux plus rentrer en France et ça fait trente ans que ça dure !…

A la prochaine donc !

[1] Nervios/nervioso : nerveux

Voyage à Bilbao partie 2

v Vendredi 30 Décembre

« Après une nuit pas si reposante, je me réveille dans une chambre glaciale. Adriana dort encore et je pars dans la salle de bains pour m’habiller de façon à ne pas la réveiller. Je décide d’aller faire des courses pour le petit déjeuner dans le centre commercial d’à côté. Dans la rue, l’air froid qui siffle à mes oreilles me fait hâter le pas pour arriver au plus vite. Une fois n’est pas coutume, je vais rester un long moment dans le supermarché (d’ordinaire je n’aime vraiment pas les supermarchés !) en savourant chaque instant : On dirait Asheville[1] ! On dirait presque Trader Joe’s, le supermarché où nous allions toujours faire nos courses ! La structure du magasin, la présentation des rayons, l’éclairage et surtout le sourire que me tendent les vendeuses chaque fois que j’en rencontre une ! C’est l’Espagne ! C’est Asheville ! Et c’est trop bon ! De retour à l’hôtel, je trouve Adriana qui vient juste de se réveiller : nous sommes toujours si bien synchronisées ! Nous descendons déjeuner et pour cette matinée, nous prendrons notre temps et ne sortirons finalement que vers 1h de l’après-midi.

Nous partons à pied et sur le chemin, nous trouvons un petit restaurant qui s’appelle « Nostrum » qui fait de la cuisine naturelle et  « maison ». Dans un petit reportage que j’ai vu il y a peu, il était expliqué que « Nostrum » était une entreprise catalane espagnole, que leur concept marchait très bien et qu’ils étaient en pleine expansion, y compris sur le marché français ! Vu les lourdeurs et les acidités d’estomac que je me traîne en ce moment, cette cuisine est pour moi une véritable bénédiction ! La salade de lentilles aux petits légumes me donnera une sensation de fraîcheur et la soupe de légumes finira de calmer mes ardeurs. Quant à Adriana, elle sera aussi très contente de ses pâtes au pesto.

Après le déjeuner nous continuons notre marche. Nous nous dirigeons vers le célèbre musée du Guggenheim qui a transformé la ville depuis sa construction et son ouverture en 1997. Nous traversons le pont de la Ria et nous descendons vers le Paseo qui y mène.

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La Ria 

Très vite nous tombons sur de hauts bâtiments qui nous font tour à tour penser à Dubaï (la tour Iberdrola) à San Francisco avec le pont et sa tour qui ressemble à l’emblème de la tour de Sauron[2] ».

 La Tour Iberdrola est un gratte-ciel de 165 m de haut dont la construction a duré quatre ans entre 2007 et 2011. Elle a été conçue par le même architecte que la Tour de Cristal de Madrid, César Pelli, argentin, spécialisé dans en architecture verticale. La Tour comprend 41 étages et est répartie sur 51 000 m2 de surface « habitable ». Comme cela peut se voir, elle a la forme d’un triangle isocèle avec les côtés légèrement bombés.  Elle est entièrement consacrée à des espaces de bureaux.

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La Tour Iberdrola

Le pont de la Salve (prononcez Salbé en espagnol) a été construit en 1970 pour relier le centre ville aux quartiers périphériques. De nos jours, il fait partie de l’ensemble du musée du Guggenheim. L’arc rouge qui le surplombe, que nous avons surnommé la Tour de Sauron, est en fait appelé l’Arc Rouge et vient de l’artiste français Daniel Buren qui l’a traité comme une sculpture tout en lui laissant sa fonction initiale.

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Le pont de la Salve

« Devant toutes ces constructions que de dépaysement ressentons-nous ! Notre imagination, piquée à vif, surfe sur les hauteurs des bâtiments que nous rencontrons. Mais le meilleur est toujours pour la fin n’est-ce pas ? Et voici le Guggenheim ! Qu’il est beau et imposant ! C’est impressionnant ! Brillant de mille feux, il paraît flambant neuf ! Avec ses formes ultra-futuristes, il appelle sans cesse le regard, il est magnétique, envoûtant !

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La forme en bateau du Guggenheim

 Je suis excitée, ces vacances, même très courtes me font vraiment du bien et je me sens tellement chanceuse d’être ici avec Adriana ! J’ai envie d’écrire, écrire, écrire, là tout de suite maintenant pour ne rien perdre de ce moment ! Nous approchons de la colonne de boules qui trône au milieu du bassin du parvis du musée. Son fond est parsemé de pièces de monnaie, alors nous lançons les nôtres : « Suerte[3] ! Proteccion ! Felicidad[4] et bonne santé ! » nous sommes-nous écriées !

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 Les boules et la fontaine du Guggenheim

Nous entrons ensuite dans le musée pour demander le prix d’entrée, mais nous reviendrons demain car ce soir il est trop tard. En ressortant, nous accédons à l’esplanade du musée avec son immense chien de fleurs[5]. A cette période de l’année, seule quelques unes sont fleuries mais la sculpture végétale n’en reste pas moins impressionnante ! Là, nous faisons connaissance avec trois marionnettes rigolotes qui nous glisse des mots doux (Ah ces espagnols, ils savent toujours s’y prendre !) pour s’assurer notre générosité : « Qué tal guapa[6] ? Como estas corazon, amor[7] ? Quieres una foto[8] ? » Qué si ! Et Adriana est bonne pour la pose !

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Le chien du Guggenheim 

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Avec les marionnettes 

Nous continuons notre périple, le long de la Ria vers le centre ville à la recherche d’un endroit où prendre un thé et un petit goûter.

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En se promenant sur les berges…

 Adriana remarque alors un tout petit bar très peu visible depuis la rue. Nous y entrons et nous découvrons là un monde « enchanté », un endroit unique et totalement atypique ! C’est une explosion de couleurs et de vêtements et d’objets dont chacun est unique : des fleurs partout, des coussins, des vêtements, de vieux objets d’antiquaires et du rose, du bleu, du vert, du rouge, du violet et j’en passe…un vrai feu d’artifice ! C’est bar-boutique, un concept nouveau, venu de Londres qui permet à des artisans-artistes de vendre leurs produits et de faire un lieu d’accueil.

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Mais il n’y a  pas que le lieu qui est haut en couleurs, les personnages qui l’habitent aussi ! Estafania, la serveuse ! Une rencontre comme j’en fais tant en Espagne et si peu en France ! Une rencontre due à tout sauf au hasard !  Tout de suite nous nous comprenons, nous sommes sur la même longueur d’ondes : nous parlons art, nous parlons chamanisme, nous parlons chemin de développement personnel. Estafania est actrice, originaire de Bilbao, elle a vécu à Madrid pendant plusieurs années pour son travail, jusqu’à son retour dans sa ville natale pour des raisons familiales. Nous nous mettons à parler, beaucoup, vite, intensément. Nous nous racontons, nos parcours, nos aventures, nos rencontres. Nous avons tant en commun ! Tout mon espagnol revient d’un coup, plus d’hésitations et Estafania, oublie elle aussi que je suis française et me parle à la vitesse lumière si caractéristique des madrilènes. Nous rions de bon cœur, enchantées de cette rencontre et échangeons, nos adresses mail et Facebook. Et puis je craque : les vêtements sont tellement mignons que finalement nous nous achetons un poncho chacune avec Adriana ! Ce bar-boutique aurait été très bien à Asheville, dans le River Art District, au milieu des autres boutiques des artisans et des créateurs de la ville. Au fait ! Si vous allez à Bilbao, l’endroit s’appelle Koli. Enfin, nous partons de là et nous prenons congé d’Estefania.

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Adriana et Estefania

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Cette fois-ci nous allons visiter la cathédrale Santiago, une église de pierres blanches, une église de la mer, qui tout de suite me fait penser à ma bien-aimée Santa Maria del Mar de Barcelone ! Mais aucune église n’égale Santa Maria, j’aime cet endroit presque comme une personne ! L’atmosphère de Santiago est claire, reposante, harmonieuse, lumineuse. Une atmosphère propice à la détente et à la méditation.

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Le portail et l’intérieur de la Cathédrale Santiago 

 Nous finirons notre soirée dans un bar basque typique de la Plaza Nueva où nous mangerons un riz aux légumes servi dans poêle à Paëlla. Il y a un monde fou, comme il est de coutume en Espagne. On s’entend à peine parler ! Le serveur, un petit brun aux yeux noirs comme je les aime et qui sait parler français, nous dit en riant au moment où nous partons : « Après, je viens avec toi et ta fille, nous sortirons ensemble ! ». Toujours aussi charmeurs ces espagnols, moi ils me chavirent le cœur !! Voilà pour cette journée bien remplie, la suite c’est pour demain salut !

 

[1] Asheville est une ville de l’Etat de Caroline du Nord aux Etats-Unis où nous avons vécu en 2015

[2] Toujours référence au Seigneur des Anneaux

[3] Suerte : Chance

[4] Felicidad : Bonheur

[5] De l’artiste Jeff Koons

[6] Comment ça va ma belle ?

[7] Comment vas-tu mon cœur, mon amour ?

[8] Tu veux une photo ?

Voyage à Bilbao première partie

Pour cette fin d’année 2016, nous cherchions où passer le Jour de l’An.  J’avais besoin de vacances, de vraies vacances, celles où l’on n’est pas chez soi, celles où l’on ne fait rien d’habituel, celles où l’on est ailleurs et où on se change les idées. Voilà bien longtemps que je n’en n’avais pris des comme ça…Finalement notre choix s’est porté sur Bilbao. Nous y avons passé trois jours du 29 Décembre 2016 au 1er Janvier 2017. Voici le récit de notre séjour.

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v Jeudi 29 Décembre

« Nous sommes arrivées hier soir après plus de deux jours pour réussir à réserver et où j’ai cru que le séjour allait tomber à l’eau ! Quelle joie donc de partir et de se retrouver ici aujourd’hui ! Néanmoins, la chambre à l’hôtel est très décevante : froide, exiguë et donnant sur la rue donc bruyante, elle ne me plaît pas du tout ! On a beau être à Bilbo je ne peux pas la sacquer cette chambre !! (Rire!)[1]. Après une installation sommaire, nous ressortons pour manger. Nous prenons le métro jusqu’à l’arrêt Casco Viejo[2]et à la sortie nous débouchons sur la Place Miguel Unamuno, une des places centrales de la vieille ville, noire de monde à cette heure ».

Bilbao est la plus grande ville du Pays Basque espagnol. Elle compte 350 000 habitants et un peu moins d’un million dans son agglomération. Elle est la capitale de la région de « Biscaya » et est située dans l’estuaire du fleuve Nervion, qui vient de « nerveux »  (Nervios/Nervioso en espagnol) comme nous l’expliquera Txéma, un septuagénaire, originaire de là que nous rencontrerons lors de l’une de nos ballades pendant le séjour et dont je reparlerai plus tard. Bilbo est le nom historique basque de la ville. Ce nom ferait référence à une épée, probablement faite de fer biscayen appelé « Bilbo », ce qui pourrait faire penser que ce mot ou nom est utilisé depuis au moins le XVIème siècle.

Bilbao a été fondée en 1300 par Diego Lopez V de Haro, seigneur de Biscaye. Au moment de sa fondation, la  ville ne compte que trois rues autour d’une église (l’actuelle cathédrale) entourées par une muraille et un port. Elles sont passées progressivement au nombre de sept et se nomment : Somera, Artecalle, Belosticalle, Carniceria vieja, Barencalle, Barencalle Barrena. Elles forment maintenant, le « Casco viejo » de Bilbao, un quartier populaire et d’immigration mais aussi un des principaux centres de la vie nocturne de la ville.

« …Les bars sont pleins ! Les gens font la queue devant les restaurants ! Ca y est c’est l’Espagne ! Je suis trop contente d’être là ! Les mots, les intonations de la langue et les voix plus graves des espagnols arrivent jusqu’à mes oreilles et me chantent une douce chanson, une chanson que j’aime tant ! Malgré le froid, je sens que je me réchauffe et ça me fait chaque fois ça lorsque j’arrive en Espagne !  

Au milieu de la place, comme un peu partout en Espagne, trône une fontaine qui n’a pas seulement un rôle décoratif mais est bien là pour abreuver les gens.

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Fontaine

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Plaza Miguel Unamuno

 Alors que nous sommes en train de la photographier, trois jeunes adolescentes nous dépassent et vont s’y désaltérer. Bon…que faire ? En faisant le tour de la place, nous nous apercevons bien vite qu’il y a trop de monde pour manger ici. Nous décidons de pousser plus avant notre visite du quartier.  Finalement, à la sortie d’un bar nous trouvons de quoi nous restaurer : ce sera un « wok japonais » comme il y a un à Tours place du Monstre. Les « Pintxos », on se les réserve pour demain ou pour le réveillon.

Après manger, nous flânons dans les petites rues et nous tombons sur la cathédrale Santiago qui est à cette heure bien évidemment fermée. Là aussi nous décidons de revenir le lendemain. »

La cathédrale Santiago ou Cathédrale Saint Jacques est la cathédrale catholique romaine de la ville. Sa construction remonte à avant 1300 lorsque Bilbao n’était qu’un petit village de pêcheurs. Elle doit son nom au fait qu’elle est située sur le chemin de Saint jacques de Compostelle (Santiago de Compostela en espagnol).

« Nous continuons notre ballade et nous prenons par hasard la « calle Sombreria ». De là nous débouchons sur une place, la Plaza nueva, qui « Ô surprise ! » est la sœur jumelle de la Plaza Real à Barcelone !  La Plaza Nueva est une des extensions du vieux quartier qui a été construite vers le XVIIIème siècle.C’est une place carrée délimitée par des arcanes et des bars et restaurants tout autour. Elle est joliment décorée des illuminations de Noël.

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Nous finissons notre parcours au théâtre Arriaga »

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Théâtre Arriaga

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Boules lumineuses devant le théâtre  

Le théâtre Arriaga est un bâtiment d’une grande beauté. Inspiré de l’ Opéra de Paris, il a été construit en 1890. En 1902, il a reçu son nom actuel en hommage au musicien basque espagnol Juan Crisostomo Arriaga, considéré comme le « Mozart espagnol » de part son talent et mort à 20 ans de tuberculose.

 « Devant le théâtre est installé un imposant sapin de noël scintillant de mille feux ! Juste à côté, il y a le fleuve. Nous nous arrêtons  sur les berges pour nous accorder un petit moment d’observation et de réflexion. Un peu plus loin des enfants, sous l’œil vigilant de leurs parents, s’amusent à allumer des petits feux d’artifice. Je comprendrais plus tard que ce n’était là qu’un entraînement pour la nuit du réveillon…Adriana, inspirée, se met à dessiner. Mais finalement, le froid aura eu raison de nous et nous rentrons vers 23h pour manger un dessert, boire une infusion bien chaude et regarder un film en espagnol. Nous nous couchons ce soir là vers 1h du matin ».

Suite bientôt….

[1] Référence à Bilbo Sacquet du Seigneur des Anneaux. et de Bilbo le Hobbit.

[2] Vieille ville

Stupeurs et Tremblements

Tours, Mercredi 9 novembre, 7h30 du matin. A peine levée et comme il n’est pas de coutume, j’allume la télé. Les américains ont voté hier. Quels sont les résultats des élections ?

Tartines à la main, le bol de thé fumant devant nous et les yeux rivés sur l’écran de l’immense télévision de l’appartement dans lequel je viens d’emménager, c’est avec stupeur (et tremblements…) que  j’apprends la nouvelle ! Non ce n’est pas possible : Donald Trump est élu Président des United States of America ! Je n’arrive pas à y croire ! Comment les américains ont-ils pu arriver à laisser faire cela ?

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Mais en réfléchissant bien, les américains n’y sont finalement pas pour grand-chose. Il se trouve en effet que le nombre de votes directs (1 personne=1 voix) a été plus important pour Hilary (les américains aiment bien appeler les politiques par leur prénom). Ce sont les grands électeurs qui se sont décidés en majorité pour Trump, trahissant par là même la voix du peuple ! Ils n’en sont pas à leur premier coup puisqu’en 2000 la même partie s’était jouée entre Georges. W. Bush et Al Gore. Bush…Un texan, un cow-boy au QI à peu près aussi élevé que celui de ses vaches (c’est en tout cas que j’aime à le définir) et dont la seule qualité était de porter le nom de son « illustre » famille et Al Gore, Vice-président des Etats-Unis pendant huit ans aux côtés de Bill Clinton, Démocrate et prix Nobel de la Paix en 2007 pour son engagement sur le réchauffement climatique. On connait la suite… Les américains ont un système de vote pourri qui n’est plus capable de faire entendre la voix du peuple. Pour la plus grande Démocratie du monde…c’est un comble !

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Oui mais voilà…le système…il est bien là le problème ! Car au-delà des dysfonctionnements d’un système moribond, ce qui ressort de cette élection « this un-Presidented election[1] » comme me l’a dit un de mes amis américains, c’est le vote anti-système, anti-ESTABLISHMENT

…Tout au long des mois passés là-bas, j’ai pu prendre la mesure de ce phénomène. Les américains, au moins autant que les européens, sont exaspérés par le système. Ils ne le supportent plus, ils n’en veulent plus, ils n’y croient plus…

Que l’on ne s’y trompe pas (et personne n’est assez naïf pour le faire), le vote pour Trump n’a pas été, dans son immense majorité, un vote « pro » mais bien un vote « anti ». A l’instar de leurs homologues européens, les électeurs américains sont en grande majorité allés voter à reculons.

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Mais ce vote anti-système aurait pu avoir une fin bien plus heureuse que celle qui vient d’avoir lieu ! Car il y avait un autre candidat anti-système, un révolutionnaire au sens littéral du terme, une rareté, un spécimen inconnu dans le paysage politique américain, un OVNI : Bernie Sanders. Les européens n’en n’ont certainement pas assez parlé pour en prendre toute la mesure, mais aux Etats-Unis c’était un phénomène ! Tout le monde en parlait ! Un socialiste à l’européenne, pure souche, qui voulait mettre en place un véritable système de santé au niveau national (c’est-à-dire renforcer et étendre l’Obama Care), protéger les plus démunis, mettre les études universitaires à la portée de toutes les bourses, interdire le port d’armes et j’en passe…

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A Asheville ce printemps, on voyait fleurir dans les jardins ou à l’arrière des voitures, des panneaux, drapeaux et autres photos de Bernie. Une effervescence palpable s’était emparée d’une bonne partie des Ashevillois et toutes sortes de manifestations étaient organisées « pro-Bernie ». Dans cette « île » alternative (comme se plaisent à l’appeler ses habitants) au milieu de l’océan conservateur que représente la Caroline du Nord rien de bien étonnant… « Pro », autrement dit « Pour » et non « Contre » ou « Anti ». Ainsi, Bernie proposait une « altérité », un « autre »… monde tel que les Etats-Unis l’ont rarement connu (tout en respectant le travail d’Obama). La posture « pro » des électeurs de Bernie était en soi « révolutionnaire » face à un paysage de défiance et de pessimisme généralisés. Cet homme là a réussi à entraîner l’adhésion de beaucoup d’américains : les classes moyennes ou plus aisées, les migrants, les progressistes et tous ceux qui ne voulaient plus d’un système usé jusqu’à la corde.

 

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Marche pour Bernie à Asheville

Mais ceux-là même qui étaient « pro-Bernie » étaient farouchement « anti-Hilary ». Un politique, une politicienne à l’aise comme un poisson dans l’eau dans les hautes sphères du pouvoir, au beau milieu de l’Establishment justement. Rien ou si peu, qui ne permettait de la différencier des autres pour beaucoup d’américains…

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J’ai fait une petite interview sur ce thème, d’une de mes élèves de français de 13 ans et voici ce qu’elle disait : « J’aime Bernie parce qu’il n’aime pas les grandes compagnies, il n’est acheté par personne. Ce n’est pas comme Hilary. Elle, elle a été première Dame et elle connaît très bien le monde des affaires et celui de la politique. Elle est là pour servir leurs intérêts. Bernie lui, est plus occupé à se mettre au service du peuple plutôt qu’à se faire un nom en politique. Je pense qu’il va réellement se battre pour l’égalité des droits.

Mais mon cousin lui, il a mon âge et il est pour Donald Trump. Alors je lui ai demandé pourquoi. Il m’a dit que c’était parce que sa sœur, qui a 18 ans, était pour Trump. Elle lui a expliqué que si Bernie passait, il allait lui enlever sa VOITURE et son ARGENT, alors que Donald Trump lui il est très ouvert d’esprit et il ne veut pas prendre l’argent des gens. Et puis ce n’est pas vraiment un politicien et c’est pour cela que les gens l’aiment bien ».

Les Démocrates, enfermés dans leur tour d’ivoire, Hilary compris, frileux devant le changement, n’ont pas su prendre la mesure de ce désamour, de ce rejet pour l’Establishment et…ils ont perdu ! Puisque les américains allaient voter « anti-système », il fallait laisser Bernie poursuivre la course…Je mettrais ma main au feu qu’il aurait gagné ! Trump n’aurait pas pu le dépasser car Bernie était porté par un élan du peuple certainement plus important que ne l’a été son adversaire !

Enfin bon, on ne refait pas l’histoire…Mais j’ai une pensée émue pour tous mes amis américains, ceux qui ont habité notre vie, l’ont embellie, l’ont rendue meilleure et je me dis que ceux-là, comme des millions d’autres ne méritent pas ce qui leur arrive !

Et maintenant c’est à nous! Alors  « stupeurs et tremblements » dans six mois?

L’Histoire continue…

[1] Cette « Non-élection Présidentielle »

Mercredi 12 Septembre: Un pont entre Barcelone et Montréal

Mercredi 12 Septembre 2012

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Barcelone

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PANORAMIQUE-HR

Montréal

Il y a des années déjà, avant de me décider à partir vivre à Barcelone j’hésitais entre Barcelone et Montréal. Et puis finalement Barcelone a pris le dessus, la proximité géographique et culturelle aidant, je m’y suis installée pendant six ans et Montréal a doucement disparu de mon paysage mental. Pourtant en 2008, alors que cela fait 4 ans que je suis revenue en France, comme un animal fraîchement sorti d’une longue hibernation, l’idée de Montréal refait son apparition en moi plus forte plus vibrante que quelques années auparavant. Mais là aussi un accident de la vie m’empêche d’y partir…ce n’est pas encore le moment…Cependant cette fois-ci, elle ne me lâche plus et grossit à mesure que le temps passe, jusqu’à cette année où elle avait quasiment pris toute la place dans mon esprit, ne me laissant guère le loisir de penser autre chose que « Je veux partir à Montréal ».Et d’ailleurs je me souviens…ça c’était passé d’une façon tout à fait similaire pour Barcelone…

Aéroport Montréal

11 Septembre 2012, je me sens comme un pionner lorsque je pose mon premier pied sur le sol de l’aéroport Pierre Elliot Trudeau de Montréal. Est-ce que j’arrive en terre promise ? Je ne le sais pas encore, mais j’ai conscience que je suis en train de réaliser un vieux rêve : le Nouveau Monde…Montréal…Ceci dit la première langue que j’entends à l’aéroport c’est l’espagnol. Je souris…Barcelone est là, bien vivante, bien présente et elle m’accompagne. Sa présence sera très forte dès les premiers instants de mon séjour ici. Alors pourquoi ce lien entre ces deux villes en moi ? Pourquoi cette ambivalence ? Qu’est-ce que je suis venue chercher ici que Barcelone ne m’a pas donné ? Et au contraire qu’est-ce que je suis venue chercher ici que Barcelone m’a déjà donné ? En un mot  qu’est-ce qui rapproche et qui différencie ces deux métropoles ? Et surtout pourquoi sont-elles si présentes à l’intérieur de moi ? Je ne le saurai que lorsque j’aurai commencé à vivre ici…suite au prochain épisode.

Bilan du stage UNCA

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Mon stage s’est donc fini le 27 Mars. Je suis restée six semaines aux Etats-Unis en tout mais le stage n’a duré que cinq semaines puisqu’au milieu l’université a fermé pour les vacances de printemps (Spring Break) pendant une semaine.

Si le démarrage a été un peu long, la phase vraiment active du stage a été productive et positive. Pendant le temps d’observation, qui a duré deux semaines, j’ai assisté aux cours de trois enseignants du Département: Olivier, Ellen et Cathy. Comme je l’ai dit dans d’autres post, j’ai appris beaucoup de choses dans le contenu des cours et je me suis imprégnée des méthodes d’apprentissage mais aussi du style de chaque enseignant.

Mais là où le stage a pris tout son sens c’est lors de la mise en place du projet pédagogique. La phase de préparation des cours, même intense (puisque j’étais sur deux projets) m’a permis un travail de recherche et de structuration très riche en apprentissage sur le plan pédagogique. Car si j’ai déjà enseigné le FLE, c’était la première fois que j’étais confrontée à des étudiants d’université. Ainsi, s’est mis en place pour moi un processus d’adaptation graduel au niveau et aux d’étudiants auxquels j’étais confrontée mais aussi aux attentes de chacun des deux enseignants avec lesquels je collaborais. Mais encore une fois, je me suis aperçue que j’aime particulièrement ce travail de recherche, d’analyse et de structuration que demande la préparation des cours. Même si je le sais depuis longtemps et quelle que soit la discipline enseignée (yoga ou français), la préparation des cours est l’étape indispensable avant celle de la transmission, et il a été gratifiant pour moi de sentir que j’y prenais toujours autant de plaisir.

Le moment le plus fort et le plus satisfaisant a été sans conteste celui de la transmission et du contact direct avec les étudiants. Je me suis sentie très à l’aise pendant les cours, avec une communication aisée et spontanée et j’espère avoir pu faire passer mon message. Je n’ai en tout cas pas caché le plaisir que j’avais à leur faire cours!  Pour conclure, je me suis vraiment sentie à ma place et dans ce métier d’enseignant (mais ça ce n’est pas nouveau) et à l’université avec des étudiants. Cela fait très longtemps que j’y pense et j’en ai eu la confirmation. Je me sens chez moi à l’université et j’ai toujours préféré l’enseignement pour adultes, l’âge idéal pour moi étant les jeunes adultes.

Mon seul regret est de ne pas avoir pu rester plus longtemps pour approfondir le travail et la connaissance des étudiants auxquels je commençais à m’attacher. Mais sans aucune hésitation, le résultat de ce stage reste très positif et je me sens très privilégiée d’avoir pu le faire. C’est tout l’avantage de faire ce Master « Enseigner à l’étranger »!

Voilà suite au prochain épisode

Salut!

Projet pamphlets et écrits satiriques: le rap: réalisation II

I Am2

Comme suite à ma dernière intervention sur le thème des écrits critiques, je choisis cette fois de proposer aux étudiants, et à l’instar de ce qu’avait fait Olivier dans d’autres cours,  une chanson du groupe de rap I Am: « Nés sous la même étoile » dont voici le lien Internet https://www.youtube.com/watch?v=Fv3PF8Jk-GU et les paroles:

I Am l'école du micro d'argent

Refrain (x2)

La vie est belle, le destin s’en écarte

Personne ne joue avec les mêmes cartes

Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu’il dévoile

Tant pis, on est pas nés sous la même étoile

Pourquoi fortune et infortune, pourquoi suis-je né

Les poches vides, pourquoi les siennes sont elles pleines de tunes

Pourquoi j’ai vu mon père en cyclo partir travailler

Juste avant le sien en trois pièces gris et BMW

La monnaie est une belle femme qui n’épouse pas les pauvres

Sinon pourquoi suis-je là, tout seul marié sans dote

Pourquoi pour lui c’est crèche et vacances

Pour moi c’est stade de foot sans cage, sans filet,

Sans même une ligne blanche

Pourquoi pour lui c’est l’équitation pour moi

Les bastons, pour lui la coke, pour moi les flics en faction

Je dois me débrouiller pour manger certains soirs

Pourquoi lui se gave de saumon sur lit de caviar

Certains naissent dans les choux et d’autres dans la merde

Pourquoi ça pue autour de moi, quoi, pourquoi tu me cherches?

Pourquoi chez lui c’est des noël ensoleillés

Pourquoi chez moi le rêve est évincé par une réalité glacée

Et lui a droit à des études poussées

Pourquoi j’ai pas assez d’argent pour m’acheter

Leurs livres et leurs cahiers

Pourquoi j’ai dû stopper les cours

Pourquoi lui n’avait pas de frère à nourrir, pourquoi j’ai dealé chaque jour 

Pourquoi quand moi je plonge, lui passe sa thèse

Pourquoi les cages d’acier, les cages dorées agissent à leur aise

Son astre brillait plus que le mien sous la grande toile

Pourquoi ne suis-je pas né sous la même étoile

Refrain (x2)

Comme Issa, pourquoi ne suis-je pas né sous la bonne étoile

Veillant sur moi? Couloir plein de toiles, crachats

Tchatche à deux francs, courbettes des tapettes devant

Supporter de grandir dans un franc, c’est trop décevant

Simplement en culotte courte

Ne pas faire la pelle mécanique plate avec des pots de yaourt

C’est pas grave, je n’en veux à personne et si mon heure sonne

Je m’en irais comme je suis venu 

Adolescent incandescant chiant à tour de bras sur le fruit défendu

Innocents, témoins des types abattus dans la rue

C’est une enfance? De la pourriture, ouais

Je ne draguais pas mais virais des tartes aux petites avec les couettes 

Pâle de peur devant mon père, ma soeur portait le voile

Je revois, à l’école les gosses qui la croisent se poêlent

C’est rien Léa, si on était moins scrupuleux

Un peu de jeu du feu on serait comme eux

 

Mais j’ai pleuré pour avoir un job, comme un crevard sans boire

Les « Je t’aime » à mes parents seul dans mon lit le soir

Chacun son boulet, sans ambition la vie c’est trop long

Ecrire des poèmes, pisser violent dans un violon

Tu te fixes sur un wagon, c’est la locomotive que tu manques

C’est pas la couleur, c’est le compte en banque

J’exprime mon avis, même si tout le monde s’en fiche

Je serais pas comme ça si j’avais vu la vie riche

Refrain (x2)

Comme pour la dernière fois, les étudiants étaient invités à prendre connaissance du texte et du clip vidéo avant le cours et à répondre aux questions sur Moodle dont voici le contenu:

  • Qui est le groupe I AM? Recherchez une biographie du groupe
  • Quand a été écrite la chanson “Nés sous la même étoile” et de quel album fait-elle partie?
  • Que signifie l’expression “Nés sous la même étoile”?
  • Que sont les “tunes”? (deuxième phrase, deuxième paragraphe)
  • Quelle était l’activité de loisir du chanteur? (troisième paragraphe)
  • Qu’est-ce qui est “trop décevant” pour lui? (huitième paragraphe p:3)
  • Finalement à qui se compare le chanteur?

Après avoir passé en revu ces différentes questions, nous visionnons la vidéo et commençons l’étude proprement dite du texte. Cette fois-ci et en suivant les recommandations d’Olivier, j’ai également préparé des activités de groupe. Voilà comment se présente la structure du cours:

  Lecture et présentation du texte+Visionnage de la vidéo+activité (15mn : 10h00-10h15)

  • Activité : aimez-vous le rap ? Quels styles musicaux écoutez-vous ? Par groupe discutez-en entre vous (3 mn)

  Questions sur le texte+activités en groupe (35 mn : 10h15-10h50)

  • Il y a une faute d’orthographe dans le premier paragraphe ? Dites où elle se trouve et pourquoi c’est une faute.
  • De qui parle l’auteur dans la chanson ? De quel type de texte alors s’agit-il ?
  • A qui se compare-t-il ?
  • Dans les troisièmes et quatrièmes paragraphes l’auteur parle des loisirs et des activités de chacun. En quoi sont-elles différentes ? En quoi sont-elles représentatives des mondes de chacun ?
  • Activité : Et vous quels sont vos loisirs ? Par groupe discutez-en entre vous (3mn)
  • Que veut dire l’expression « naître dans les choux » ?
  • Dans le sixième paragraphe, de qui doit s’occuper l’auteur ? Que fait-il pour arriver à nourrir sa famille ?
  • Dans le dixième paragraphe, de quoi a été témoin l’auteur pendant son enfance ? Quel rapport avait-il avec les fillettes de son âge ?
  • Dans le douzième paragraphe, d’après vous pourquoi l’auteur dit qu’il « a pleuré pour avoir un job »?
  • Activité : Et vous avez-vous déjà travaillé ? Que voulez-vous faire plus tard ? Pensez-vous qu’il vous sera facile de trouver un emploi ? Par groupe, discutez-en entre vous (3mn)
  • Que signifie l’expression « Pisser (violent) dans un violon » ?
  • Trouvez dans le huitième et dans le douzième paragraphe deux expressions qui marquent sa déception pour le style de vie qu’il a. Que lui aurait-il fallu pour qu’il ne soit pas si déçu ?
  • Finalement qu’est-ce qui indigne l’auteur ? Quel est le sens général de la chanson ?
  • Activité : Et vous pensez-vous que l’argent fasse le bonheur ? Voulez-vous avoir beaucoup d’argent dans votre vie future ? Par groupe discutez-en entre vous (3mn)
  • Comme pour le cours précédent, celui-ci s’est très bien passé. L’ambiance est studieuse mais détendue et la communication agréable. Olivier m’aide à faire les groupes de travail, c’est à dire qu’il met ensemble des étudiants de bon niveau avec des étudiants plus faibles pour équilibrer les échanges. Là aussi, j’ai senti les étudiants intéressés car le rap est un style de musique inhérent à leur génération.  D’autant plus que certains connaissaient le groupe I Am car il a collaboré sur leur album l’école du micro d’argent avec le groupe de rap américain Sunz of Man qui a participé au succès de l’album en Amérique du Nord.  Certains étudiants se sentent donc concernés par cette culture musicale venue de France. Le message du cours est donc bien passé notamment celui sur la critique d’une société inégalitaire car c’est aussi un thème récurrent dans leur monde.
  • Voilà mes interventions avec le groupe de French 325 terminées et c’est avec un sentiment ambivalent que je les termine: satisfaction car la transmission s’est bien passée et insatisfaction car j’aurais eu besoin de plus de temps pour continuer un travail que j’ai trouvé vraiment intéressant et qui m’a beaucoup plu.
  • Dans le prochain post, je dirai comment j’ai vécu ces semaines où j’ai pu me mettre dans la peau d’un professeur et ce que j’en ai appris et retenu.
  • A plus

Projet pamphlets et écrits satiriques: le texte: la réalisation I

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Le jeudi 19 Mars, première intervention avec le cours de French 325 d’Olivier. Elle porte sur un écrit critique inspiré d’un fait d’actualité récent.

Le texte proposé est donc un texte de Christian Vanneste, homme politique français, ancien député UMP et Président du Rassemblement Pour la France (RPF). Cet écrit, intitulé « Plus de raison moins d’émotions », dont voici le lien Internet,  http://www.bvoltaire.fr/christianvanneste/plus-de-raison-moins-demotion,163838 traite de la vive émotion suscitée par l’accident d’hélicoptère en Argentine, lors du tournage de l’émission Dropped au mois de Mars dernier et qui a coûté la vie à trois grands sportifs français: Florence Artaud la femme de la mer, Camille Muffat la nageuse et Alexis Vastine le boxeur.

Voici le texte dans son intégralité:

Le débat politique actuel est tiré vers le bas par cette prédominance de l’affectif et de l’émotionnel sur le discours rationnel. 

Lors d’un tournage destiné à une émission de télé-réalité, un accident entre deux hélicoptères a provoqué la mort de dix personnes. Trois figures du sport français comptent au rang des victimes. Les Français ont été touchés par la disparition brutale de ces personnalités attachantes. Florence Arthaud avait le visage d’une grande championne qui avait remporté la Route du Rhum, une aventurière généreuse et tenace. Camille Muffat avait rempli les Français de fierté en étant triple championne olympique en 2012 à Londres. Alexis Vastine, ce boxeur beau gosse, les avait émus en pleurant après un arbitrage contestable qui le privait d’une médaille d’or possible, aux Jeux olympiques de Pékin. Le retentissement de ces disparitions dans notre pays est légitime. Ces vies trop courtes doivent être rappelées pour susciter l’admiration ou la sympathie. On ne devient pas champion sans de considérables efforts, sans une volonté exemplaire. Que les hommages se soient multipliés et que chacun ait exprimé sa compassion pour les familles endeuillées, c’était totalement justifié.

Toutefois, la mort et le deuil demandent aussi de la réserve et réclament de la dignité. Le monde médiatico-politique a, une fois de plus, fait déferler une vague d’émotion sur le pays. Les tweets et les communiqués se sont livrés à une surenchère lexicale pour participer pleinement à cette émotion qui a submergé la France. L’un se disait abattu, l’autre effondré, le troisième dévasté et enfin on allait jusqu’à « fracassé ». Or, cette affectivité surjouée n’est pas un signe de bonne santé de notre société. Elle traduit une faiblesse, une fragilité que certains peuvent exploiter. Elle peut faire soupçonner une grande part d’hypocrisie. Enfin, l’émotion qui vous envahit, à laquelle on se laisse aller, est passive. Elle est le contraire de l’action.

Dans le cas présent, si le choc provoqué par ces morts tragiques est compréhensible, l’activité qui avait amené les victimes au nord-ouest de l’Argentine est plus problématique. Il s’agissait de télé-réalité, ce spectacle très représentatif de notre époque: ce n’est pas réel, ce n’est pas fictif. En fait, le spectateur est enfermé dans une bulle qui mélange les deux. Or, cette porosité du réel et du spectacle fonctionne aujourd’hui dans les deux sens. Le pouvoir médiatique ou politique se fait metteur en scène. De moins en moins capable d’agir sur le réel, il manipule les émotions. C’est pourquoi il n’en laisse passer aucune sans s’en emparer. Une nouvelle équipe ministérielle n’est pas formée en raison des compétences qu’on y réunit, mais pour la distribution, le « casting » du prochain épisode, en fonction des âges, des sexes, des couleurs, des orientations politiques ou autres. Les lois qu’on devait inscrire dans le bronze en ne les modifiant que d’une main tremblante sont devenues les réponses éphémères aux émotions de l’actualité. L’avocat de Charlie, Richard Malka, soulignait l’incongruité de la loi annoncée à la suite des attentats de janvier pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme en restreignant la liberté d’expression. Celle de Charlie en serait la première victime ! De même, l’introduction dans la loi instaurant la Halde de « l’orientation sexuelle » a été justifiée par l’émotion provoquée par la prétendue agression subie par Sébastien Nouchet, qui s’est soldée par un non-lieu et l’hypothèse d’une affabulation deux ans plus tard.

Le débat politique actuel est tiré vers le bas par cette prédominance de l’affectif et de l’émotionnel sur le discours rationnel. Comment un Premier ministre peut-il faire de sa répulsion pour un parti le seul argument de sa politique ? Il faut se méfier de l’utilisation de l’émotion. Celle qui avait jailli lors du 11 septembre est à l’origine de la tragédie subie notamment par les chrétiens d’Irak et devant laquelle l’Occident demeure aujourd’hui si insensible.

Christian Vanneste

Après avoir lu le texte ensemble et  traduit ou explicité les passages qui n’étaient pas ou peu compris, nous reprenons ensemble les premières questions de compréhension qu’ils avaient à traiter sur Moodle avant de venir en classe. Les voici:

(1) De quoi parle le texte?

(2) Qu’est-ce que l’émission Dropped? En quoi consiste-t-elle?

(3)  De qui l’auteur parle-t-il dans le texte? Qui sont ces personnes? Allez chercher

photos et renseignements sur chacune d’elles.

(4) Finalement, qu’est-ce qui indigne Christian Vanneste?

Après avoir répondu à ces questions, nous abordons l’étude du texte proprement dite, à l’aide de questions aussi. Chaque groupe de questions suit la construction du texte et ses différents paragraphes:

  • Qui est Christian Vanneste?
  • Présentez les différentes idées du premier paragraphe.
  • A quoi sert-il? Quel est son rôle dans le texte?
  • Qui sont les personnes dont parle l’auteur?
  • Quel est l’argument principal de ce premier paragraphe? Répondez en citant le texte.
  • Comment l’auteur fait-il la transition entre le premier et le deuxième paragraphe? Avec quel argument?
  • Pensez-vous que les médias et les politiques se servent de l’émotion pour manipuler? Dans un cas comme celui-ci là? Aux Etats-Unis? Donnez un exemple de l’actualité récente.
  • Donnez une définition de l’expression “surenchère lexicale”. Accompagnez là des exemples donnés dans le texte. Définissez ces mots.
  • Quel est l’argument, l’idée principale de ce deuxième paragraphe.
  • Savez-vous ce qu’est la télé-réalité? Donnez des exemples aux Etats-Unis.
  • Connaissez-vous l’émission Dropped? Quelles recherches avez-vous faites dessus? Racontez-en le principe et le déroulement. Y a-t-il un équivalent de cette émission aux Etats-Unis?
  • Quelle est l’analyse de l’auteur sur la télé-réalité?
  • Quel est le rapport selon l’auteur entre les programmes de télé-réalité et le pouvoir médiatique ou politique?
  • Quel est l’argument, l’idée principale du troisième paragraphe?
  • Comment l’auteur conclut-il son texte?
  • Quelle est finalement sa position sur les rapports entre émotion et politique? Emotion et évènements sociaux?
  • Et vous qu’en pensez-vous? Argumentez votre réponse

Ces questions sont faites pour amener les étudiants à approfondir leur connaissance du texte et à élargir leur réflexion sur des thèmes de société plus larges car la thématique abordée avec leur professeur est la critique de la société et les écrits contestataires, historiques ou plus récents.

A chaque fois, je pose les questions et les étudiants répondent. Je les sens majoritairement intéressés et soucieux de bien faire. La communication entre nous est fluide et agréable, l’échange est intéressant, tout se fait en douceur et l’heure d’intervention qui m’a été attribuée vient de passer à toute vitesse!

A la fin du cours, les étudiants semblent ravis puisqu’ils se mettent à applaudir!! Néanmoins, Olivier me fait remarquer que d’habitude il leur propose des activités en groupes afin que tous puissent participer au travail. Car, il est vrai que ce sont un peu toujours les mêmes qui ont répondu aux questions…Je le note et j’appliquerai ce conseil lors de ma prochaine intervention.

Je sors de ce cours enchantée et le sourire aux lèvres… Qu’en sera-t-il alors de ma deuxième intervention sur la chanson de rap? Suite au prochain épisode….