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Projet pamphlets et écrits satiriques: le rap: réalisation II

I Am2

Comme suite à ma dernière intervention sur le thème des écrits critiques, je choisis cette fois de proposer aux étudiants, et à l’instar de ce qu’avait fait Olivier dans d’autres cours,  une chanson du groupe de rap I Am: « Nés sous la même étoile » dont voici le lien Internet https://www.youtube.com/watch?v=Fv3PF8Jk-GU et les paroles:

I Am l'école du micro d'argent

Refrain (x2)

La vie est belle, le destin s’en écarte

Personne ne joue avec les mêmes cartes

Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu’il dévoile

Tant pis, on est pas nés sous la même étoile

Pourquoi fortune et infortune, pourquoi suis-je né

Les poches vides, pourquoi les siennes sont elles pleines de tunes

Pourquoi j’ai vu mon père en cyclo partir travailler

Juste avant le sien en trois pièces gris et BMW

La monnaie est une belle femme qui n’épouse pas les pauvres

Sinon pourquoi suis-je là, tout seul marié sans dote

Pourquoi pour lui c’est crèche et vacances

Pour moi c’est stade de foot sans cage, sans filet,

Sans même une ligne blanche

Pourquoi pour lui c’est l’équitation pour moi

Les bastons, pour lui la coke, pour moi les flics en faction

Je dois me débrouiller pour manger certains soirs

Pourquoi lui se gave de saumon sur lit de caviar

Certains naissent dans les choux et d’autres dans la merde

Pourquoi ça pue autour de moi, quoi, pourquoi tu me cherches?

Pourquoi chez lui c’est des noël ensoleillés

Pourquoi chez moi le rêve est évincé par une réalité glacée

Et lui a droit à des études poussées

Pourquoi j’ai pas assez d’argent pour m’acheter

Leurs livres et leurs cahiers

Pourquoi j’ai dû stopper les cours

Pourquoi lui n’avait pas de frère à nourrir, pourquoi j’ai dealé chaque jour 

Pourquoi quand moi je plonge, lui passe sa thèse

Pourquoi les cages d’acier, les cages dorées agissent à leur aise

Son astre brillait plus que le mien sous la grande toile

Pourquoi ne suis-je pas né sous la même étoile

Refrain (x2)

Comme Issa, pourquoi ne suis-je pas né sous la bonne étoile

Veillant sur moi? Couloir plein de toiles, crachats

Tchatche à deux francs, courbettes des tapettes devant

Supporter de grandir dans un franc, c’est trop décevant

Simplement en culotte courte

Ne pas faire la pelle mécanique plate avec des pots de yaourt

C’est pas grave, je n’en veux à personne et si mon heure sonne

Je m’en irais comme je suis venu 

Adolescent incandescant chiant à tour de bras sur le fruit défendu

Innocents, témoins des types abattus dans la rue

C’est une enfance? De la pourriture, ouais

Je ne draguais pas mais virais des tartes aux petites avec les couettes 

Pâle de peur devant mon père, ma soeur portait le voile

Je revois, à l’école les gosses qui la croisent se poêlent

C’est rien Léa, si on était moins scrupuleux

Un peu de jeu du feu on serait comme eux

 

Mais j’ai pleuré pour avoir un job, comme un crevard sans boire

Les « Je t’aime » à mes parents seul dans mon lit le soir

Chacun son boulet, sans ambition la vie c’est trop long

Ecrire des poèmes, pisser violent dans un violon

Tu te fixes sur un wagon, c’est la locomotive que tu manques

C’est pas la couleur, c’est le compte en banque

J’exprime mon avis, même si tout le monde s’en fiche

Je serais pas comme ça si j’avais vu la vie riche

Refrain (x2)

Comme pour la dernière fois, les étudiants étaient invités à prendre connaissance du texte et du clip vidéo avant le cours et à répondre aux questions sur Moodle dont voici le contenu:

  • Qui est le groupe I AM? Recherchez une biographie du groupe
  • Quand a été écrite la chanson “Nés sous la même étoile” et de quel album fait-elle partie?
  • Que signifie l’expression “Nés sous la même étoile”?
  • Que sont les “tunes”? (deuxième phrase, deuxième paragraphe)
  • Quelle était l’activité de loisir du chanteur? (troisième paragraphe)
  • Qu’est-ce qui est “trop décevant” pour lui? (huitième paragraphe p:3)
  • Finalement à qui se compare le chanteur?

Après avoir passé en revu ces différentes questions, nous visionnons la vidéo et commençons l’étude proprement dite du texte. Cette fois-ci et en suivant les recommandations d’Olivier, j’ai également préparé des activités de groupe. Voilà comment se présente la structure du cours:

  Lecture et présentation du texte+Visionnage de la vidéo+activité (15mn : 10h00-10h15)

  • Activité : aimez-vous le rap ? Quels styles musicaux écoutez-vous ? Par groupe discutez-en entre vous (3 mn)

  Questions sur le texte+activités en groupe (35 mn : 10h15-10h50)

  • Il y a une faute d’orthographe dans le premier paragraphe ? Dites où elle se trouve et pourquoi c’est une faute.
  • De qui parle l’auteur dans la chanson ? De quel type de texte alors s’agit-il ?
  • A qui se compare-t-il ?
  • Dans les troisièmes et quatrièmes paragraphes l’auteur parle des loisirs et des activités de chacun. En quoi sont-elles différentes ? En quoi sont-elles représentatives des mondes de chacun ?
  • Activité : Et vous quels sont vos loisirs ? Par groupe discutez-en entre vous (3mn)
  • Que veut dire l’expression « naître dans les choux » ?
  • Dans le sixième paragraphe, de qui doit s’occuper l’auteur ? Que fait-il pour arriver à nourrir sa famille ?
  • Dans le dixième paragraphe, de quoi a été témoin l’auteur pendant son enfance ? Quel rapport avait-il avec les fillettes de son âge ?
  • Dans le douzième paragraphe, d’après vous pourquoi l’auteur dit qu’il « a pleuré pour avoir un job »?
  • Activité : Et vous avez-vous déjà travaillé ? Que voulez-vous faire plus tard ? Pensez-vous qu’il vous sera facile de trouver un emploi ? Par groupe, discutez-en entre vous (3mn)
  • Que signifie l’expression « Pisser (violent) dans un violon » ?
  • Trouvez dans le huitième et dans le douzième paragraphe deux expressions qui marquent sa déception pour le style de vie qu’il a. Que lui aurait-il fallu pour qu’il ne soit pas si déçu ?
  • Finalement qu’est-ce qui indigne l’auteur ? Quel est le sens général de la chanson ?
  • Activité : Et vous pensez-vous que l’argent fasse le bonheur ? Voulez-vous avoir beaucoup d’argent dans votre vie future ? Par groupe discutez-en entre vous (3mn)
  • Comme pour le cours précédent, celui-ci s’est très bien passé. L’ambiance est studieuse mais détendue et la communication agréable. Olivier m’aide à faire les groupes de travail, c’est à dire qu’il met ensemble des étudiants de bon niveau avec des étudiants plus faibles pour équilibrer les échanges. Là aussi, j’ai senti les étudiants intéressés car le rap est un style de musique inhérent à leur génération.  D’autant plus que certains connaissaient le groupe I Am car il a collaboré sur leur album l’école du micro d’argent avec le groupe de rap américain Sunz of Man qui a participé au succès de l’album en Amérique du Nord.  Certains étudiants se sentent donc concernés par cette culture musicale venue de France. Le message du cours est donc bien passé notamment celui sur la critique d’une société inégalitaire car c’est aussi un thème récurrent dans leur monde.
  • Voilà mes interventions avec le groupe de French 325 terminées et c’est avec un sentiment ambivalent que je les termine: satisfaction car la transmission s’est bien passée et insatisfaction car j’aurais eu besoin de plus de temps pour continuer un travail que j’ai trouvé vraiment intéressant et qui m’a beaucoup plu.
  • Dans le prochain post, je dirai comment j’ai vécu ces semaines où j’ai pu me mettre dans la peau d’un professeur et ce que j’en ai appris et retenu.
  • A plus

Impressions…

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C’est la deuxième fois que je viens aux États-Unis en trois mois mais la dernière fois ma visite éclair ne m’a laissée que peu de temps pour m’imprégner de l’atmosphère qui règne ici. Cependant les premières impressions que j’avais eu pendant ce voyage se confirment, se creusent, s’approfondissent quotidiennement.

La toute première sensation je l’ai eu dès le premier matin alors que nous roulions vers Asheville. Nous étions sur une de ces innombrables autoroutes qui sillonnent l’Amérique du nord, entourés de neige et de glace et la lenteur de notre allure (nous roulions à 20 ou 30 miles/heure) rendait propice l’observation et la réflexion. Les villes américaines sont construites au bord des routes et leurs centres névralgiques sont ces grands « malls » (centres commerciaux) flanques le long des interminables axes routiers. Les centres villes, tels que nous les concevons en Europe n’existent pas: pas de centre historique, pas d’espace rassembleur si ce n’est ces lieux de consommation qui sont tous les mêmes dans le pays. Des routes et des magasins….a l’intérieur des villes s’alignent des maisons le long de rues perpendiculaires qui se croisent et s’entrecroisent. Même les bâtiments institutionnels qui ont historiquement formé nos centres villes en Europe comme la mairie ou l’église sont ici construites au bord des rues…pas de lieu de mémoire ou d’histoire, pas de lieu rassembleur à part des espaces de consommation standardisés, pas de colonne vertébrale qui permettent d’organiser, de donner du sens à la micro société que représente une ville ou un village.

Le SENS, la MÉMOIRE ce sont la deux mots qui me traversent alors que je regarde le paysage défiler dernière les vitres de la voiture…Une espèce de tristesse se dégage finalement de ces lieux ou vivent les hommes, comme si le sens ou la mémoire faisaient défaut, comme si ils étaient finalement absents…et la je comprends mieux cette passion, cette valorisation des américains pour les peuples européens, leur histoire, leurs culture, leurs arts culinaires, leurs productions littéraires ou artistiques au fil des siècles. Quelque chose qu’ils n’ont pas…c’est comme si ces peuples de migrants, venus par vague depuis l’Europe pour certains avaient emporté leur mémoire avec eux mais n’avaient pas su en construire une nouvelle dans le lieu d’accueil. Comme si tous ces gens venus d’ailleurs, totalement étrangers à ces terres d’Amérique du nord en détruisant les premiers habitants de ces terres, en effaçant (ou en tentant d’effacer) les cultures et les mémoires amérindiennes, n’avaient pas pu ou pas su fabriquer leur propre mémoire, s’enraciner véritablement en ces lieux…c’est peut être le prix a payer, car il y a toujours un prix a payer a la domination… Rien de scientifique à tout cela bien sur, ce ne sont que des suppositions venues des sensations qui me traversent ce matin la.

images

Mais finalement au bout de 15 jours que je suis la, je me dis que ce qui fait la richesse de ce pays (ou une partie de sa richesse) ce sont ses habitants, ce sont les américains eux mêmes. Chaque jour encore, je suis obligée de déconstruire l’image tenace que j’avais d’eux et qui en tant que française était plutôt négative. Les personnes que je rencontre ici n’en finissent pas de m’étonner et je dois bien avouer que les américains (ou plus précisément les ashevillois) sont dans leur grande majorité des gens affables, gentils et polis. Ici on n’a pas peur d’être gentil, c’est même une qualité fortement appréciée et valorisée par le reste de la communauté. Mon anglais étant pour le moment très limite, mes rapports sont pleins de « thank you », « Nice to meet you », « sorry » ou « you’re welcome ». Les ashevillois ne sont pas avares de sourires et de Hugs et tout cela me fait me sentir en confiance et rend mon séjour vraiment très agréable.

Pour l’instant « it’s Nice to be here »

A plus

L’Amérique du Nord

Carte amérique du nord

Même si je ne l’ai pas encore mentionné pour l’instant, ce voyage m’en rappelle un autre…c’était il y a deux ans à la même époque et c’était tout prés…juste un plus haut…C’était le Canada et Montréal, cette ville que j’ai vraiment adorée!

Ici c’est quand même l’Amérique du Nord, un peu telle que je l’ai vécue là-bas: il y a tant de points communs:

– Au niveau des dimensions, on retrouve cette sensation d’espace et cette largesse des lieux. Nous avons commencé par l’immense aéroport de Philadelphie, puis circulé sur des 2×3 et des 2×4 voies entre Charlotte et Asheville mais aussi sur la rocade qui entoure Asheville. Ici comme là-bas, le nombre de voitures est impressionnant et la circulation bien souvent dense. Stéphane par exemple, qui habite Asheville depuis 16 ans, me disait qu’il ne savait même pas prendre le bus pour aller au centre ville: « Depuis que j’habite ici, je ne l’ai jamais pris. Tu sais ici c’est le pays de la voiture ». Les américains comme les canadiens ne font pas beaucoup référence à leurs transports en commun et ni le train, ni le bus ne sont très populaires.

– Les montagnes des Appalaches, bien que bien plus hautes, n’ont pas été sans me rappeler les collines de la région de l’Eastman à 100 Kms de Montréal là où habite mon ami Jacques. D’ailleurs, lorsque nous étions devant la porte-fenêtre de sa cuisine à admirer le paysage, dont le plan le plus lointain comportait une montagne, il me disait: « Tu vois là-bas derrière, c’est les Etats-Unis ». Ici ou là-bas, hauts ou bas, les reliefs que j’ai pu admirer se dessinaient tous en pentes douces et en courbures et étaien recouverts d’une intense végétation, de conifères essentiellement, dont la couleur vert sombre ne se rencontre pas dans nos Pyrénées par exemple.

– L’architecture: ici comme là-bas, il n’y a que des constructions récentes, pas ou peu de mémoire architecturale. On ne voit pas d’immeubles d’habitations mais plutôt des petites maisons en bois ou en briques rouges ou repeintes qui sont toutes entourées, même en ville, de jardins. Asheville, comme toutes les villes américaines, comptent avec ses grattes-ciels qui ne sont ici que de hauts bâtiments. Ils servent le plus souvent de bâtiments commerciaux ou administratifs et sont situés généralement dans les centres villes. Néanmoins, il manque un poids, une aura architecturale. En Europe, c’est une chose tellement commune: dans le grandes villes, le passé, la mémoire, l’histoire s’affichent à longueur de rues et de quartiers.

– Au niveau de la nourriture, dans un pays comme dans l’autre, les traditions culinaires ne font pas partie de celles les prisées ou valorisées dans le monde. Cependant, il existe un régime alimentaire commun qui prend de plus en plus d’importance des deux côtés de la frontière. A Montréal comme à Asheville, je n’ai quasimment rencontré que des « vegans » (végétaliens), « vegetarians » et les produits bio ont un succès énorme. Rien qu’à Asheville il y a quatre ou cinq grands supermarchés de bio. En comparaison à Pau, ici où j’habite et ville de la même taille, nous avons trois ou quatre boutiques. En plus la grande mode est au « Gluten Free » et tous les restaurants (pizzerias ou crêperies) proposent des pâtes sans gluten. Moi qui suis intolérante au gluten, je me suis sentie la reine là-bas, même dans les avions les compagnies proposent des repas « Gluten Free »!

– Mais pour conclure, je crois que le plus important se passe au niveau des gens, de la mentalité et de l’ambiance. Au Canada, comme aux Etats-Unis, il flotte un air de positivité, de confiance et d’ouverture. Le sourire est de règle et parmi les personnes que j’ai rencontré, nul n’avait peur de paraître « bon » ou « gentil » comme cela se passe ici. L’altérité et la différence sont valorisées et même « promues » comme un exemple à suivre. Etre étranger peut-être un plus et est souvent considéré comme une richesse à ne pas négliger. Ce sont les valeurs fondatrices du cosmopolitisme et elles se retrouvent dans les deux pays. Ces valeurs si chères à mon coeur  me font me sentir « comme à la maison » à chaque fois que je les croise. Ici comme au Canada, je comprends pourquoi je me plais autant…YES WE CAN!